Un bullet journal peut être simple (5 minutes chrono)
Ça fait longtemps que j’ai vu passer l’idée du Bullet Journal, qui n’est pas sans me rappeler le Hipster PDA d’antan, en passant. Instagram et Pinterest sont saturés d’images toutes plus belles et “design” les unes que les autres de ces journaux, et franchement, même si j’aime les belles choses, je ne suis pas douée pour les faire, et l’idée de passer autant de temps à reproduire sur papier l’agenda que Google Calendar gère si merveilleusement pour moi ne m’attirait pas.
Ce qui m’a mise pour de vrai sur la piste du bullet journal, c’est l’idée d’avoir un système pour “tracker” les habitudes que j’essaie de (re)mettre en place. L’équivalent de la croix dans le calendrier ou dans le cahier, de la chaîne à ne pas briser. De plus, avec la surcharge de ce deuxième semestre 2018, je me suis remise aux cahiers. Pendant des années, j’avais toujours un cahier que je trimballais avec moi pour tout y noter en vrac. Le smartphone l’a peu à peu remplacé, mais de temps en temps j’y reviens. Et là, j’y suis revenue.
Bref, je suis tombée sur un article qui insiste sur le fait qu’à la base, le bullet journal est sensé être un système simple, et qu’il ne faut pas se laisser décourager (ou influencer) par les oeuvres d’art qu’on voit passer. C’est clair que c’est les gens qui font des magnifiques journaux qui vont les mettre sur Instagram!
Après un peu de lecture, je me suis dit que ça valait la peine de tenter le coup, même si tout ce que j’allais mettre dans mon bullet journal était le fameux tracker. On verrait bien le reste, à l’usage.
A partir du moment où j’ai pris un cahier (qui trainait par là) et mon crayon, il m’a fallu environ 5 minutes pour avoir quelque chose de fonctionnel. Et assez vite, j’ai commencé à avoir d’autres idées de choses qui pourraient “habiter” dans mon journal (moche mais pratique).
Voici, donc.
J’ai pris un cahier quadrillé que j’avais acheté à la Migros (pas de Leuchtturm 1917 prévu exprès pour, trop de pression). Et un porte-mines, parce que c’est ce que je préfère pour écrire (j’écris comme un crabe), et je m’en suis félicitée, parce que j’ai aussi une gomme, et j’ai été bien contente de pouvoir gommer dans mon tout jeune bullet journal. J’ai suivi les instructions, avec un peu de trépidation. J’expliquerai après ce que j’ai compris en le faisant de l’intérêt de ces diverses instructions.
- numéroter les pages (je me suis arrêtée à 20)
- faire un index sur la première double page
- faire un future log sur la double page suivante (je vous avoue que j’ai laissé ça vide parce que ça me bloquait donc j’ai juste écrit “Future log” en haut des pages, et basta — mais après-coup j’ai trouvé quoi en faire)
- page suivante: monthly log pour le mois de décembre, avec tout simplement les nombres de 1 à 31 écrits en colonne pour pouvoir rajouter des choses à côté
- sur la page d’en face, j’ai fait un tracker (tout bête) pour décembre, avec les 2–3 choses qui me préoccupent en ce moment dans la liste (aller au judo, faire du gainage, de la méditation)
- sur la double page suivante j’ai écrit “Daily log” et comme on était le soir, j’ai écrit dessous “V 30 nov” et une mini-liste des tâches/rendez-vous importants de la journée
- j’ai complété l’index au fur et à mesure
- puis j’ai réalisé que ma liste de tâches (j’utilise plus ou moins le système Final Version) pouvait aller sur la page suivante — hop, un titre, puis rajouté à l’index
- puis une liste de films à voir ou livres à lire…
Bon, allez, ça m’a peut-être pris 10 minutes.
Vous remarquerez que j’ai sauté la “liste de tâches du mois” (parce que juste là ça me parle pas, je fonctionne plutôt par semaine ou en continu). Je ne me suis pas vraiment intéressée non plus aux “keys et signifiers”, ce système de symboles pour distinguer, classer, hiérarchiser, organiser tout ce qu’on note dans le Daily log. Je me souviens d’ailleurs que quand j’avais croisé le bullet journal pour la première fois c’était un des trucs sur lesquels j’avais bloqué. Ça me semblait trop compliqué.
Juste là, en cherchant pour vous, lecteurs francophones, j’ai trouvé cet article de Buzzfeed qui est assez bien fait. Il couvre les bases, va droit au but, et vous montre des tas de photos d’un bullet journal pas artistique pour vous décomplexer. Ici un autre article avec des explications simples mais moi je stresse rien qu’à voir comme l’écriture dans le bullet journal est propre et jolie. Parce que j’écris toujours comme un crabe et j’ai la flemme de prendre la règle pour souligner, ça m’avait d’ailleurs valu une très mauvaise note de tenue de cahier de sciences quand j’avais 12 ans.
Alors, quelques remarques.
L’index
Ça n’a l’air de rien, cet index, mais en fait c’est la clé de tout le truc. Grâce à l’index, le cahier n’est pas une suite un peu cacophonique au fil du temps de tout ce qui croise notre route. Il est organisé. Et organisé super souplement: pas besoin de mettre les choses dans l’ordre, si on veut arracher des pages on les biffe de l’index, si j’ai commencé une liste de films à voir sur la page 13 et que quand elle commence à déborder j’en suis à la page 25, pas de souci, j’ajoute dans l’index. Mon monthly log de décembre est à la page 6, mais celui de janvier sera peut-être à la page 28. Pas grave. Et du coup, on peut mettre tout ce qu’on veut dans notre journal, et le retrouver.
Le bullet journal est un canevas qui est fait pour être flexible, et s’adapter à vos besoins. Rappelez-vous, j’étais partie sur l’idée de faire un truc hyper minimaliste avec (limite) juste un tracker. Après un peu de lecture je me suis dit que ça valait peut-être la peine de rajouter 2–3 trucs, mais j’ai vraiment approché la chose sans grande ambition.
Le future log
Là, on entre dans le côté “bah, je suis en train de recopier mon calendrier”. Donc franchement, en démarrant le journal, parce que je voulais surtout arriver au tracker, j’ai fait la bonne élève et consacré deux pages à ça, mais rien mis dedans, en me disant que je pouvais le faire après. Ou pas.
Et effectivement, la nuit portant conseil, je me suis dit qu’avoir un moyen de voir au-delà de la semaine serait pas mal. J’ai tendance à vivre de semaine en semaine. Et ça fait longtemps que j’aimerais une vision un peu plus “grand angle” de ma vie.
Mais j’ai hésité: et si j’organisais mon future log par semaine plutôt que par mois? J’ai failli. Et finalement j’ai fait des mois, 8 mois, divisant chaque page en quatre, et j’ai noté un peu en vrac, les choses importantes (janvier: commencer à chercher du travail; juin: Bol d’Or), les dates déjà prévues (16 janvier: dentiste).
Je suis pas sûre de mon coup, mais c’est pas grave. Mon journal n’est pas une oeuvre d’art. Si dans deux semaines je me rends compte que cette double page avec les 8 prochains mois ne me sert à rien, je peux arrêter de l’utiliser, je peux même l’effacer (crayon!!), je peux faire un autre future log ailleurs dans le cahier et mettre à jour l’index. Flexible, flexible.
Le monthly log
Là, j’ai fait tout bête, parce que je ne savais (et ne sais pas encore vraiment) comment j’allais l’utiliser. En fait, c’est de ça qu’il faut se libérer: avant d’avoir un bullet journal, on ne peut pas vraiment savoir comment on va l’utiliser. Alors faisons une mise en place basique, et voyons ce que l’usage nous apprend.
Un exemple, ici: ce matin, j’ai mis des lignes pour mieux visualiser les semaines dans mon log de décembre. Du coup, j’ai sur la gauche de la page les dates, les unes sous les autres, avec les moments-clés. Et à droite, j’ai des petits “blocs” par semaine où je peux mettre des notes pour la semaine. J’ai fait ça parce que c’est comme ça que je fonctionne, je me dis “hmm, semaine prochaine je vais faire xyz, donc abc ce sera la suivante”.
Ce qui est cool c’est que si cette mise en page ne me convient pas, le prochain mois je peux le faire complètement autrement. Et même, en cours de route, si c’était la cata, je peux tuer cette page en refaire décembre ailleurs dans le cahier (en mettant à jour l’index).
Le tracker
Le clou du spectacle! A nouveau, j’ai fait simple de chez simple. Je dois pouvoir préparer une page en 30 secondes, une minutes. Alors oui, j’aimerais un tracker plein de couleurs et tout, mais soyons pragmatiques. J’ai mis 2–3 activités pour démarrer mais je pense que ça se remplira au fil des semaines et des habitudes/routines que j’essaie de mettre en place.
Le daily log
Normalement le daily log est l’endroit où on met, jour après jour, les événements, tâches, et choses importantes de la journée. Au fil des jours. Un premier point important que j’ai compris en lisant le fameux article mentionné ci-dessus c’est qu’un jour prendra autant ou aussi peu de place que ce qu’il lui faut. C’est libérant. Pas besoin de se caser dans une case.
Alors j’ai commencé: j’ai fait une liste des 2–3 choses que je voulais faire aujourd’hui, avec un point devant. J’avais deux rendez-vous, je les ai notés, avec un rond devant. J’ai noté le traitement avec lequel je suis sortie de chez le vétérinaire, avec un tiret devant. Jusque-là, c’est assez simple. Je pense qu’au fil du temps j’exploiterai mieux ce daily log, mais ça se fera en cours de route, au fil des jours.
Ce qui m’enquiquine c’est de ne pas vraiment pouvoir mettre le lendemain avant d’avoir fini la veille. Parce qu’on ne sait pas combien de place prendra aujourd’hui avant d’arriver au soir… Mais c’est pas grave. On verra.
Des idées
Maintenant que le système est en place, je commence à avoir des idées. Si j’ai des notes à prendre, je peux très bien les prendre dans mon bullet journal, et les rajouter à l’index. Je pourrais avoir une page par chat pour noter mes observations les concernant. Je pourrais avoir une page pour… noter mes idées. Tout est possible. Et ça, je ne l’avais pas vu, avant. Je voyais le bullet journal comme un système un peu contraignant. Mais non, en fait, il y a beaucoup d’espace dedans pour en faire ce qu’on veut.
Le temps
Au début je me disais… ça peut prendre un temps fou! Mais en fait, est-ce une si mauvaise chose? Du temps réflexif, du temps à faire des choses qui aident le cerveau à débrancher… Ce n’est pas forcément mauvais. Prendre un moment chaque jour pour préparer le lendemain, prendre du temps pour regarder les semaines et les mois à venir… C’est comme ça qu’on évite de finir le nez dans le guidon, ou dans le mur. Qui sait, dans 2 mois je serai peut-être en train de poster les photos de mon bullet journal sur instagram…
Originally published at Climb to the Stars.