Il y a mouvement et mouvement

Stephanie Booth
2 min readMay 17, 2022

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J’ai toujours vu dans mon rapport au corps et au mouvement un paradoxe: autant je suis parfaitement à l’aise dans le sport, autant quand il s’agit de danser ou de marcher en rythme, c’est une toute autre histoire.

Ça ne se résume pas juste à la question de “sentir”, comme on pourrait croire. Quand on dévale une piste de ski à tout allure, ou qu’on est dans un combat de judo, on n’a pas d’autre choix que de sentir le mouvement. Le sien, celui de l’autre.

J’adore la musique, j’adore chanter, mais il y a quelque chose du registre de “sentir le rythme” et le manifester à travers mon corps qui m’est très difficile.

Ce soir, lors d’une discussion de fin de cours avec ma prof de chant (on avait justement fait un exercice très difficile pour moi, bouger et chanter en même temps), j’ai mis le doigt sur une caractéristique qui distingue ces deux sortes de mouvements, ceux qui me sont faciles et ceux qui me rendent toute pataude. Dans le mouvement sportif, ou le mouvement de tous les jours, on est dans du mouvement “intentionnel”. On cherche à faire quelque chose. Une action. A amener notre corps ailleurs ou autrement dans l’espace. C’est, d’une certaine façon utilitaire.

Quand on danse ou qu’on marque un rythme avec ses pieds et ses mains (une forme de danse, en fait?), on est dans un mouvement qui est plutôt expressif, je dirais. On ne cherche pas à accomplir quelque chose, on cherche à accompagner, soutenir ou marquer quelque chose d’intérieur.
Tiens, je me dis que ça doit sûrement exister, des typologies du mouvement.

Je me demande aussi s’il y a un élément “neuropsy” dans mon rapport très différent à ces deux familles de mouvements. Je sais, par exemple, qu’un exercice particulièrement difficile pour moi est de maintenir ma vigilance durant des temps morts de longueur variable, et d’agir ou non ensuite en fonction d’un stimulus (une lettre apparaît à l’écran: appuie sur la barre d’espace; si c’est un X, n’appuie pas). Je me suis demandé si ça pouvait avoir un lien avec ma difficulté de sens du rythme.

Par exemple, quand je chante une chanson, à moins d’être très entrainée, je rate tous les départs. Une fois dans la phrase, le rythme ça va. Mais savoir quand commencer, c’est toujours un problème. Si je tape des mains et que je chante en même temps je perds très vite le rythme des mains — ou alors je me concentre sur les mains et j’oublie de chanter.

Voilà. quelques réflexions que je voulais capturer. Si c’est un sujet que vous connaissez, je serais ravie d’en apprendre plus, j’avoue.

Originally published at Climb to the Stars.

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Stephanie Booth

Anglo-Swiss. Digital communications and strategy. Lausanne. Feline Diabetes. Other random stuff.